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Trois semaines plus tard
Installé dans un coin tranquille, il regardait la pluie bruiner contre la baie vitrée. La serveuse lui avait apporté un délicieux mélange de chocolat et d'espresso, nappé de crème Chantilly maison et de chocolat blanc râpé. Une gâterie décadente, une récompense pour le dur labeur accompli.
Il se passa la langue sur les lèvres pour récupérer un morceau de chocolat, et pianota sur le clavier.
Taylor et John entrèrent dans la cuisine par la porte du garage, chargés de bagages et de paquets. La maison paraissait vide, abandonnée. Taylor laissa tomber ses affaires sur le parquet et regarda autour d'elle. Sa maison. Leur maison.
— Si on jetait tout ça dans la salle à manger et qu'on buvait un verre de vin ? Qu'est-ce que tu en dis, cara ?
Taylor se tourna vers John.
— Excellente idée. Tu nous en sers un ? J'ai envie de regarder vite fait cette pile de courrier.
Il s'éloigna vers le réfrigérateur à vin et contempla les bouteilles. Taylor feuilletait la pile d'enveloppes, à peine intéressée par leur contenu. En fait, elle essayait surtout de s'acclimater. Une enveloppe blanche attira cependant son attention. Elle lui était adressée, mais il y avait une erreur dans son nom. Mme Taylor Baldwin.
En voilà un qui était allé un peu trop vite en besogne. Sans doute quelqu'un qui était au courant de leur mariage, mais ignorait qu'il n'avait pas eu lieu.
Elle examina l'enveloppe avant de l'ouvrir. Il n'y avait pas d'adresse retour, mais elle avait été postée à Seattle, trois jours plus tôt. Seattle ? Ils ne connaissaient personne là-bas. A l'intérieur se trouvait une feuille de papier pliée en trois. Taylor réagit subitement. Elle posa la lettre sur le plan de travail de la cuisine, attrapa deux sacs congélation dans un tiroir et les enfila sur ses mains.
Avec précaution, elle sortit la lettre de l'enveloppe, la déplia et lut le bref message qu'il comportait. Puis elle le relut, le cœur battant.
— John, lança-t-elle, il faut que tu voies ça !
John rentra dans la cuisine, vit les sacs en plastique sur ses mains, comprit qu'elle avait basculé en mode professionnel et se transforma à son tour. Il lui fit un petit hochement de tête. Elle posa la lettre devant lui. Il la lut à haute voix deux fois d'affilée. Puis il regarda Taylor.
— On a un problème, dit-il.
— Je crois bien.
Elle reprit la lettre, parcourut de nouveau les lignes imprimées, et comprit qu'ils risquaient de ne jamais connaître un instant de paix.
John avait sorti son téléphone et parlait déjà à Quantico. Le siège tiendrait à être informé de tous les détails.
Taylor replia soigneusement la lettre et la rangea dans l'enveloppe. Le message s'était gravé dans son esprit.
« Je ne suis plus un apprenti.
Désormais, vous pouvez m'appeler le "Prétendant" ».